Ce qui nous lie en entreprise : au début est la relation…
De nombreux articles parlent de l’évolution du rapport au travail. En effet, force est de constater que la période Covid a mis en lumière le fait que le travail n’est plus une fin, il est redevenu un moyen.
Partant de ce constat, j’ai eu envie au travers de mon expérience de 20 ans en management de me pencher sur le terreau de l’engagement de mes équipes grâce à la relation de confiance primordiale que j’ai créé avec elles.
Il m’a toujours semblé important de prendre « soin de la relation ». Ma relation avec mes équipes, les relations entre eux, les relations avec mes clients.
Pourquoi partir à la découverte de l’autre ?
Il apparaît essentiel pour moi de comprendre qui se cache derrière la page blanche, quels sont les enjeux du collaborateur, ses besoins pour bien effectuer son travail, pour être serein dans la relation, les raisons de son choix de travailler dans cette entreprise au-delà de l’aspect financier, et faire émerger les rêves qu’il porte en lui pour son futur ici ou ailleurs ? Découvrir ce qui est non-négociable pour comprendre les valeurs personnelles qui se cachent derrière ses actes.
A partir de là, nous pouvons commencer à créer une relation sincère et respectueuse évoluant sur le même niveau logique. Le collaborateur laisse alors rentrer dans « son monde », son manager.
En procédant ainsi nous découvrons que chacun a des motivations différentes, des attentes différentes, des besoins de reconnaissance différents.
Alors comment fédérer tout ce petit monde autour d’une vision partagée et transformer un groupe d’individus que rien ne lie en une équipe soudée et fière de son identité ?
1) Comprendre qu’il existe quatre formes d’engagement à honorer :
L’engagement dans son travail :
- Donner les moyens de faire du « beau » travail
- Donner des missions en adéquation avec ce qui intéresse la personne
- Valoriser la compétence dans son domaine d’action / son périmètre
L’engagement envers l’organisation, l’entreprise
- Cohérence entre les actes et les paroles
- La fierté d’appartenir à cette entreprise
- La confiance en la direction
- Donner la possibilité d’apprendre et de progresser
- Donner de la liberté d’action dans un cadre clair
L’engagement par rapport à son manager
- Offrir un cadre de travail sécurisé et des attentes claires
- Montrer au collaborateur qu’il peut compter sur son manager en cas de besoin
- Créer une relation de confiance où tous les sujets peuvent être abordés
- Témoigner la reconnaissance sur des actions / des comportements / des innovations spontanées, des efforts, chaque jour, que chacun comprenne sa place dans la chaîne de valeur quel que soit son métier
- Donner le droit à l’erreur, mais pas deux fois la même 😉
- Créer les conditions de la sécurité psychologique
- Savoir écouter et se taire pour laisser un espace à la rencontre des mots
L’engagement par la solidarité / fraternité avec ses collègues
- Créer des rituels qui permettent la rencontre entre tous les membres d’équipes, l’expression avec confiance et respect, et surtout les rires, beaucoup de rires
- Favoriser la communication et apprendre à chacun à confronter avec respect, au bon moment, au bon endroit
- Favoriser la solidarité en montrant l’exemple, et incarner le « on gagne ensemble on perd ensemble » par les actes.
- Encourager l’interdépendance plutôt que la concurrence car le premier facteur d’engagement, c’est l’autre, la capacité à faire équipe
- Montrer que chacun est en charge de l’amélioration continue du service / produit, chacun apporte sa pierre à l’édifice
- Encourager la reconnaissance entre chaque membre d’équipe, pour l’entraide, le soutien, le travail avancé, les erreurs réparées, l’écoute, le « care »
Dans une équipe, chaque personne compte, chaque personne a une mission, chaque personne est un maillon de la chaîne de réussite de la mission, car la force de la chaîne, c’est la force de son maillon le plus faible. Là où il n’y a pas de sens, pas de cohérence, il n’y a pas d’engagement, il n’y a que des faux-semblants.
Vous l’aurez compris, l’engagement doit être réciproque. Le salarié envers l’entreprise, mais également le manager envers son équipe et envers les individualités de son équipe.
2) Manager par la confiance
On ne peut travailler sereinement qu’en confiance ; lorsque la confiance est trahie, l’engagement se tarit! La plus grande fierté de mes équipes, je l’ai d’ailleurs découvert il y 3 ans, c’était cette confiance que je leur accordais puisqu’ils étaient experts de leur domaine d’activité. Ils voulaient que le travail soit bien fait car « elle nous fait confiance ». De ce postulat, les anciens naturellement montraient aux nouveaux comment bien faire le travail et checkaient à la fin si c’était bien fait, puis recadraient avec bienveillance et patience ou félicitaient. Oui, il est aussi important de féliciter que de recadrer.
La confiance, c’est donner toute latitude à un collaborateur de prendre la décision qu’il juge la meilleure pour le client, même si ça doit aller à l’encontre de la consigne donnée la veille à partir du moment où le contexte le justifie. Au-delà de donner de la confiance, nous donnons de la liberté, de la marge de manœuvre dans un but unique : la satisfaction du client, ou la résolution de son problème.
J’ai toujours eu à cœur de former des leaders, car il est plus facile de trouver les solutions à plusieurs.
3)
Une équipe qui a peur n’innove pas, elle va même faire plus d’erreurs et les cacher. De cette peur vont naître des comportements toxiques et mortifères pour l’entreprise.
Donner le droit à l’erreur (mais pas deux fois la même) :
- C’est permettre à chacun de faire fonctionner son intellect, sa créativité, sa persévérance
- C’est créer un espace de liberté où chacun peut exprimer un peu de ce qu’il est, de sa singularité
- C’est enrichir le terreau de l’estime de soi par la prise de responsabilité et grâce au feedback, nourrir leur conscience de soi
- C’est reconnaitre qu’ils ont des aptitudes qui sont utiles à l’entreprise, à l’équipe, au bon fonctionnement de la chaîne de valeurs
J’ai toujours pensé que les gens ne sont pas des vases que l’on remplit mais des sources qu’on laisse jaillir. A moi de créer le contexte qui permet à chacun de se révéler.
En tant que manager et dirigeante, cela m’a apporté beaucoup de sérénité, de sécurité intérieure dans mon rôle d’accompagnante de mon équipe vers le maximum de son potentiel individuel et collectif, et beaucoup d’autorité sans jamais avoir besoin de l’affirmer haut et fort car le cadre était posé.
J’ai pu m’approprier mon rôle et m’ajuster avec les années grâce aux feedbacks de mes équipes. Moi aussi je me suis ratée dans ma communication parfois, j’ai été trop gentille au début, j’ai fait des choses qu’ils n’ont pas compris, je me suis trompée, je me suis excusée. Bien sûr ce n’est pas toujours facile d’accepter leurs feedbacks car ils n’ont pas idée de la pression que l’on peut porter, la fatigue que l’on peut emmagasiner, les incohérences de la direction qui nous perturbent parfois.
Et oui, on peut parfois ressentir un sentiment de lassitude.
Mais quelle richesse, quelle marque de confiance, quelle foi en l’avenir de se dire que chacun de nous peut progresser grâce au regard de l’autre. Que d’incompréhensions évacuées grâce à ces temps de paroles informels nous permettant à tous de nous réajuster.
Ce qui nous lie, c’est cette envie commune de faire un travail qui fait sens pour soi, qui nous fait nous sentir utiles à la Société, qui nous fait rencontrer des personnes avec lesquelles nous créerons des liens d’amitié, de solidarité, de fraternité parfois.
C’est de savoir que si l’on se rate, on aura l’occasion de réessayer et une équipe pour nous aider à réparer, c’est de pouvoir se projeter ensemble dans une vision partagée. Une entreprise est aussi une communauté qui relie des individus entre eux.
« La magie n’est pas en moi, elle n’est pas dans les gens, elle est dans ce qui se passe entre les gens. » Nancy Huston
Être Dirigeant ou manager aujourd’hui est plus difficile que jamais car le monde du travail évolue à toute vitesse, les salariés revendiquent plus de confiance, moins de contrôle et souhaitent désormais travailler sans l’intervention d’un tiers omnipotent. Comment mettre en cohérence ces aspirations et faire fonctionner le collectif ? Par ailleurs, une nouvelle génération arrive sur le marché du travail et veut à juste titre avoir une vie riche et pleine de sens avec des poly- engagements et un travail passionnant. Quels leviers activer ? J’ai hâte d’en reparler prochainement avec vous…
Lire l’article sur Linkedin